Afin de bien comprendre le sujet analysé dans cet ouvrage consacré aux Jinn, il est impératif de préciser qu’aucune étude sérieuse [si étude il y a], ni aucune recherche dans ce domaine n’a jamais été entreprise. Il est inutile de s’attarder sur la conception « pseudo-coranique du Jinn véhiculée depuis des siècles par la culture populaire qui prend son assise sur des sources douteuses, superstitieuses et légendaires. Celles-ci relèvent plus du folklore, des légendes, des contes fabuleux, d’historiettes de quelques illuminés [« saints », « sages », marabouts, pseudo-savants, etc.] vautrés dans l’opportunisme et le charlatanisme. La crédulité des populations superstitieuses et ignorantes est un excellent terreau pour ce type d’aberrations aux antipodes de la logique et de la conception scientifique pourtant contenues dans le Qour’ãn, dévoilées et véhiculées par celui-ci.
Quoi qu’il en soit, le seul Tāfsir digne du Coran est celui érigé par la Science [expérimentale] !
L’Homme s’imagine qu’il est la seule créature intelligente de l’Univers apparut au gré du hasard lors de réactions biochimiques et subissant des mutations génétiques accidentelles qui lui ont permis d’évoluer à partir d’une cyanobactérie [en botanique, élément d’une classe d’algues procaryotes de couleur cyan].
Le Coran nous révèle pour la première fois dans l’Histoire de l’Humanité que cette conception de l’homme est non seulement erronée et qu’en plus, il n’est pas la seule créature intelligente dans l’Univers. En effet, il existe d’autres Univers et notamment ceux du Ghaīyb ou Invisibles. Le Malāk [« Ange »] et le Jinn en font parties.
Lorsqu’il est fait allusion au Jinn, c’est du caractère traditionnel et surnaturel que celui-ci est abordé. Pour les uns, qui dit Jinn dit légendes, mythes, superstitions, contes populaires ; pour les autres, il s’agit de phénomènes paranormaux terrifiants, supraphysiques, de sorcellerie ou Sīhr, de magie, de possessions, de forces surnaturelles, de puissances occultes, d’ésotérisme, d’art hermétique, de rites initiatiques, etc.
Quoi qu’il en soit, le Jinn est la forme mystérieuse et incompréhensible de l’ignorance primitive. Selon le Coran, le Jinn est l’antithèse même de l’Homme.
Jinn, Génie, mythe, réalité ?
Définition du terme
Le Jinn, nom commun invariable en genre et en nom. Cela veut dire que les expressions « jennouns » ou « jinns » ou « Djinn » ou « Djinns » sont fausses. Le Jinn est une entité très intelligente, extraordinaire et en même temps terrifiante. Des renseignements importants sont donnés en exclusivité par le Coran. Il s’agit d’un scoop !
Mais avant d’analyser les caractéristiques du Jinn ou jinniens que seule la Science peut appréhender, il convient de faire appel à l’Histoire et de voir comment à travers les âges les peuples antiques et les sociétés anciennes concevaient ces entités invisibles.
Il n’existe pas de mythologie en Islam
Les spécialistes et les historiens des religions et notamment de l’Islam définissent les Jinn [1] comme étant des esprits ou des démons inférieurs aux anges. Ils se réfèrent pour cela à un folklore et une mythologie qu’ils qualifient d’islamique. Les lacunes intellectuelles de ces spécialistes servent les desseins de l’ignorance. Car s’ils étaient pourvus de clairvoyance et étaient donc moins incultes, ils pourraient s’apercevoir qu’il n’existe aucun folklore, ni aucune mythologie en Islam.
Il s’agit en réalité d’un folklore arabo-persan qui s’inspire des données communiquées sur les Jinn par le Coran, mais qui n’a rien à voir avec l’Islam. Certains points concordent donc avec la réalité, mais d’autres sont purement imaginatifs.
Dans cet imaginaire, les Jinn, constitués d’air ou de feu, se transforment en homme ou en animal et sont bons ou méchants. Les Jinn vivent dans l’air, les flammes, sous la terre et dans des objets inanimés comme les rochers et les arbres. Ils ressemblent par certains côtés, aux humains, ayant les mêmes exigences corporelles, -ils se nourrissent, se reproduisent et meurent-, bien que vivant plus longtemps.
Dans son ouvrage, E. Royston Pike [2] mentionne les Jinn. Il les analyse comme étant, dans la mythologie musulmane, des êtres surnaturels, qui auraient la faculté de se faire voir sous des formes animales [serpents, chiens, chats, etc.] ou sous une forme humaine. Les uns sont favorables et ils sont alors d’une grande beauté, les autres mauvais et ils sont d’une laideur effrayante. Ils ont des corps éthérés [vaporeux], mangent et boivent, ont des relations sexuelles et peuvent engendrer. Ils peuvent même s’accoupler avec des femmes humaines et les enfants qui en résultent ont un caractère double. Les Jinn sont des esprits taquins châtiant les hommes qui leur font du mal, même involontairement. De ce fait, les accidents et les maladies leur sont imputés. Les plus puissants Jinn maléfiques sont les Marîds, les Ifrit n’étant pas aussi diaboliques. Néanmoins, en les connaissant bien, les hommes peuvent les contrôler à leur avantage. Populaires dans ce folklore arabo-persan, les Jinn sont plus connus en Occident sous le nom de génies, comme par exemple dans les Contes des Mille et Une Nuits [Aladin et le Génie de la lampe merveilleuse].
Le génie des Romains
Dans la mythologie romaine, le génie désigne l’esprit qui réside en l’homme et auquel l’individu doit sa virilité, son pouvoir génésique exercé dans le lit nuptial. Le génie est le protecteur ou le gardien. Chaque individu, chaque famille et chaque cité a son propre génie auquel est consacré un culte particulier parmi les dieux du foyer. On pensait alors, qu’il procurait succès et puissance intellectuelle à ceux qui l’honoraient. C’est pourquoi ce terme en est venu à définir une personne aux capacités intellectuelles inhabituelles. En art, le génie d’une personne est généralement symbolisé par un jeune homme ailé, alors que celui d’un lieu, l’est par un serpent.
Les Jinn sont des créatures qui n’existent pas dans la pensée, la littérature et la théologie judéo-chrétiennes. On les rapproche parfois des esprits, des démons ou autres créatures surnaturelles, mais la réalité est tout autre. Pour les Occidentaux, les textes du Coran ne font pas partis de leur culture, ni de leur curiosité intellectuelle, donc ils ne peuvent saisir leur sens réel. Dès lors, ils ne peuvent concevoir les idées et les notions qui s’y rapportent. Cet état de fait est tout aussi valable pour ceux qui se revendiquent de l’Islam et qui usurpent l’Islam en ayant la prétention de mettre en valeur le contenu coranique !
Le règne de Soūlāymān
Le Coran lève quelques voiles sur certains mystères du monde invisible [al-Ghaīyb], et notamment sur la création du Jinn, cette créature réelle, intelligente et sensible. Il donne un peu plus d’éléments que pour le Malāk.
Avant la révélation du Qour’ãn, les données sur la présence, les relations et l’impact des Jinn sont inexistantes. Pourtant de telles réflexions auraient pu permettre de mieux mesurer leur existence, et de mieux les intégrer dans le tissu culturel. Ces lacunes ont induit une conception linéaire du folklore relatif aux Jinn, qui n’est autre que l’aboutissement d’une ignorance à leur sujet. En cela, les informations coraniques produisent précisément une rupture décisive et permettent de changer la vision humaine du Jinn.
Dans cette perspective, le Coran devient une forme de savoir qui contribue au processus de compréhension de ces entités.
Le règne de Soūlāymān fut marqué par la présence et l’activité des Jinn ; et pourtant aucun écrit ni chronique sérieuse n’y font allusion. Apparemment, Soūlāymān a régné en vase clos, c’est-à-dire sans contact avec l’extérieur. En effet, l’absence d’informations sur ces êtres qui pourtant ont joué un rôle déterminant dans son royaume [programme architectural, industrie, technologie, etc.] démontre un élément important : rien n’a filtré ; et personne ne pouvait se faire une idée de ce qui se passait dans le territoire de Soūlāymān.
Il faut aussi souligner l’importance de cette absence de documentation à propos des Jinn, car il faut attendre l’époque contemporaine pour que l’homme daigne bien se faire une idée authentique de ces entités. En effet, l’importance qu’accorde le Coran aux Jinn démontre leur puissance, leurs actions qui permettent de s’interroger sur leurs rôles et leurs impacts sur l’homme.
L’analyse de la source documentaire qour’ãnique [coranique] met en évidence le fait que leurs objectifs leur confèrent une position de force dans la compétition à semer sur Terre le désordre en compagnie de l’Homme.
« Je [Dieu] n’ai créé les Jinn et les Humains que pour qu’ils M’adorent. » (Coran, 51-56)
Dieu n’a créé le Jinn et l’Homme uniquement et simplement que pour que ces derniers lui vouent un culte. Les Jinn et les Humains n’ont été crées que pour vouer un culte à Dieu. Voilà pourquoi les Jinn [et bien entendu l’Homme] existent !
Bien que les deux mondes, jinnien et humain, aient été créés dans le même but [l’adoration de Dieu], ils sont bien distincts. Ceci impliquerait normalement, que les deux êtres n’établissent aucun contact entre eux.
Pourtant, comme nous le verrons par la suite, ce n’est pas toujours le cas. Parfois certains humains recherchent leur contact, et d’autres fois ils les subissent… car beaucoup de ces entités invisibles se plaisent à semer le désordre parmi les humains, sans même que ces derniers ne puissent les imaginer.
« Et le jour où Il [Dieu] les rassemblera tous : « Ô communauté des Jinn, vous avez trop abusé des humains ». Et leurs alliés parmi les humains diront : « Ô notre Seigneur, nous avons profité les uns des autres… » (Coran, 6-128)
[1] Jinn est un mot invariable en genre et en nombre. Ce terme englobe aussi la notion de collectif, que l’on pourrait traduire par le genre jinnien à l’instar du genre humain [al-insāniyat].
[2] E. Royston Pike, « Dictionnaire des Religions »