Le Coran porte en lui la marque de la rigueur conceptuelle dans l’approche des faits sociaux. À ce titre, cette rigueur n’est pas séparable de la comparaison, systématisée par le Coran des lois sur la création de la Science, celle des sciences de la nature et des sciences humaines. Ces dernières font partie du registre des sciences de la culture et se distinguent radicalement des sciences de la nature tant sur le plan des méthodes que sur celui des objectifs. Elles n’ont pas pour but de construire des lois de la réalité mais de connaître cette réalité et de la rendre intelligible afin de construire une société [musulmane] toujours avide de progrès. Le Coran est l’instrument privilégié de cette intelligibilité.
L’opération consiste à obtenir l’Ijtīhād [effort cérébral, recherche intellectuelle] coranique, la quête du savoir en Islam. Il s’agit d’analyser les multitudes de phénomènes donnés isolément, diffus et discrets, que l’on trouve tantôt en grand nombre, tantôt en petit nombre, par endroits dans le Coran [rappelons que le Coran n’est nullement un manuel de mathématiques ou de biologie]. Ces derniers, assistants de la réflexion, ils seront ordonnés pour former un tableau de pensée homogène loin des artéfacts de la Tradition [« Hadith »].
Une constatation essentielle s’impose : aucun élément de la Tradition n’est capable de contenir la richesse infinie du réel qour’ãnique, aucun concept de la Tradition ne peut porter en lui la diversité d’un phénomène glissé dans le Coran.
Le Coran au regard de la Tradition n’apparaît donc ni comme une représentation figée du monde réel ni comme une sorte de mystère vers lequel la réalité doit s’éclipser. Enfin, le Coran ne constitue en rien une synthèse définitive de la Tradition mais plutôt une connaissance parcellaire de l’Univers qui se découvre progressivement. Au besoin, il faut se défaire du phénomène de la Tradition afin de permettre son approche [du Coran] à partir de plusieurs points de vue possibles et en particulier scientifiques.
[1] Nas E. Boutammina, « Les ennemis de l’Islam – Le règne des Antésulmans – Avènement de l’Ignorance, de l’Obscurantisme et de l’Immobilisme », Edit. BoD, Paris [France], février 2012.