L. A. Sedillot [1] écrit que nul besoin de rappeler à quel degré de perfection les arts mécaniques étaient parvenus dès cette époque [Civilisation de l’Islam classique] ; l’horloge envoyée par Haroun Al-Rashid à Charlemagne, et dont la description a été conservée, suffirait pour en donner une idée, si les récits des historiens ne faisaient pas connaître en détail toutes les merveilles de ce genre accumulés à la cour de Bagdad. L’horloge mécanique dont la perfection étonna les seigneurs de la cour [de Charlemagne], parmi lesquels il ne se trouva personne capable d’en comprendre et d’en expliquer les ressorts. On rapporte que lorsque l’horloge carillonna pour indiquer l’heure, on se hâta d’apporter du foin et de l’eau que l’on déposa devant la machine.
A.I. Al-Jazari [m. 1206] fut un célèbre physicien et ingénieur qui rédigeât un important traité de mécanique où il expose ses œuvres [2] : oiseau artificiel, machines volantes, horlogerie, automates, instruments scientifiques [astrolabe, balance mécanique, .etc.], etc.
Abu Al-Qasim Abbas [m.861] fondateur de la petite mécanique. Il crée divers systèmes d’horlogerie, par exemple le ressort de compensation. Il développa diverses horloges à balancier et de mécanismes d’engrenage [engrenage conique, cylindrique, droit, hélicoïdal ; engrenage à crémaillère, à vis ; pignon d’engrenage].
Les frères Banou Moussa Ibn-Shakir [3] [IXe siècle] furent des savants illustres ; doués d’esprit et de talent remarquables, ils suivirent d’abord l’enseignement des sciences du Coran qui leur ouvrit la voie de la quête du savoir et de l’altruisme pour offrir le fruit de leurs découvertes à leur société. Ils contribuèrent magistralement au développement des mathématiques, de l’astronomie. Le domaine où ils excellèrent et qu’ils fondèrent fut la mécanique et son corollaire la physique. Leur fortune [ils furent de grands mécènes] alliée aux différents domaines scientifiques qu’ils maîtrisèrent, leur ont permis de concrétiser des projets qu’ils mirent au service de la société. Fidèles au Message de l’Islam, ils se sont mis au service de l’Humanité.
Les frères Banou Moussa Ibn-Shakir [4] imaginèrent et réalisèrent des appareils, des machines, des dispositifs et des techniques ingénieux exposés dans leur traité qui compte plus d’une centaine de titres dont la plupart demeure d’actualité et dont certains furent améliorés au fur et à mesure : appareils hydrauliques : pompes, appareil et distributeurs d’eau, robinet [eau chaude et eau froide], moulins à eau ; puits de profondeurs variables, système d’écluses, canalisation ; des monte-charges ; des automates; des instruments scientifiques de mesures [pycnomètre de A. R. Al-Biruni [973-1050], Balances, boussoles, etc.]; des horloges mécaniques, etc.
Les traités de ces savants furent au chevet des érudits de la Renaissance [5] [Léonard de Vinci, G. Galilée, etc.] qui spolièrent [6] sans vergogne leurs œuvres [7].
[1] L.A. Sedillot, « Histoire des arabes
[2] A.I. Al-Jazari, « Kitãb fi mari-fât al-Hyiyâl al-Handasiya [« Livre de la connaissance des mécanismes ingénieux »] »
[3] Banou Moussa Ibn-Shakir, « Kitãb al-Hyiyâl [« Livre des mécanismes »] »
[4] A. Mieli, « La science arabe »
[5] Les Italiens qui récupéraient les premiers les traités musulmans furent naturellement les plus nombreux à en avoir l’exclusivité.
[6] Nas E. Boutammina, « Les contes des mille et un mythes – II », Edit. BoD, Paris, novembre 2011.
[7] M. Plessner, « Storia delle scienze nel Islam »