Le Nafs [ou « Âme »] fait partie d’une curiosité intellectuelle inhérente à la nature humaine quant à sa religiosité. Hélas, le Nãfs appartient à un domaine d’étude qui n’a jamais été abordé autre que de manière douteuse, erronée. Celui-ci a toujours été expliqué et interprété par les Traditionnistes qui se basent sur leur propre support, les recueils des Hadiths et de l’opinion de leurs pairs. Bien entendu, cette approche du Nãfs interroge plus qu’elle ne résolve la problématique. Indubitablement, façon folklorique, fantastique, le Nafs, pas plus que le Roūh [« Principe vital »], que le Jinn, etc. n’a jamais été analysé à la lumière de la rationalité, des connaissances scientifiques dirons-nous.
Quoi qu’il en soit, le Nãfs [1] est lié à l’entité humaine. Celle-ci est d’une nature qui ne possède aucune relation avec les paramètres physico-chimiques classiques tels que l’étendue, la dimension, le volume ou toute autre propriété de la matière dont le Corps est composé.
Dieu n’a donné que peu d’informations quant à l’essence de Nafs et du Roūh [«… Et on ne vous a donné que peu de connaissance [au sujet de Roūh] »]. Le Nãfs tout comme le Roūh demeurent une énigme ! Le Nãfs caractérise la vigueur spirituelle, créatrice et le centre de la liberté de l’homme.
De toutes les créatures peuplant la terre [hormis le Jinn], l’Homme est le seul qui est lié à une notion fondamentale qui lui est indissociable, celle du Nafs. Il est inutile de s’attarder sur ce que la biologie en particulier et la science en général pense de ce concept. Incapable de le quantifier, elle préfère tout simplement le nier sans même entreprendre de le considérer comme un sujet d’étude.
Quoi qu’il en soit, par l’entremise de Sa Révélation, Dieu en donne les préceptes fondamentaux.
« Et ils t’interrogent au sujet de Roūh- Dis : « Roūh relève de l’Ordre de mon Seigneur » Et on ne vous a donné que peu de connaissance » (Coran, 17-85)
Dieu a créé et agencé le Nãfs d’une manière bien équilibrée tout comme le corps humain. Il est spécifique et inhérent à la nature humaine. Ainsi, le Nãfs définit le constituant Ghaīyb [Invisible] qui, associé au Roūh [«Principe immatériel » ou « Principe vital »] qui anime l’enveloppe corporelle [corps] compose l’Homme. Généralement, le Nafs est considéré comme un élément invisible, intérieur, primordial et spirituel. Il incarne la source de toutes les fonctions de l’activité mentale. Le Nãfs caractérise l’émergence d’un principe cognito-spirituel de l’être humain. Dans sa généralité, le Nãfs renvoie à des corrélats tels que la conscience, la connaissance, le libre-arbitre, la responsabilité, la religiosité, l’esthétique, les émotions, etc. Tandis que l’emploi de Roūh [« Principe vital »] se place dans une acception plus fonctionnelle, plus organique, plus mécanique. Le Roūh est ce qui fait qu’une chose est vivante par rapport à quelque chose qui est inerte comme un minéral, un rocher, par exemple. L’animal est nanti du Roūh mais il est dépourvu du Nãfs.
Principe ontologique de l’être vivant
Composantes de l’être vivant | ||
Homme | Roūh | Nãfs |
Jinn | Roūh | Nãfs |
Animal | Roūh |
[1] Nas E. Boutammina, « L’Homme, qui est-il et d’où vient-il ? », p. 28-29. Edit. BoD, Paris, octobre 2010.