Le développement du christianisme, religion officielle de l’Empire romain depuis la fin du IVe siècle, assoit les bases de la puissance ecclésiastique. Le véritable ciment des communautés antiques et barbares est le christianisme réalisé par le prosélytisme des moines. Détentrice du monopole absolu de l’enseignement, l’Eglise décréta, fabriqua et institutionnalisa une culture axée sur l’hagiographie [branche de l’histoire religieuse qui étudie la vie et les actions des saints], la démonologie [branche de la théologie qui étudie les démons -diables-, leur classification hiérarchique et leur fonction] et l’angéologie [branche de la théologie qui étudie les anges, leurs noms, leur place dans la hiérarchie divine et leur rôle] [1].
L’Eglise colonisant l’Occident en lui imposant sa loi et son autorité fut la seule institution européenne. Les évêques étaient les seuls à détenir le pouvoir réel, l’autorité absolue. Le pape, évêque de Rome, jouissait d’une prééminence sur ses pairs, comme détenteur du trône de Saint-Pierre, à qui le Christ était censé avoir légué la direction de l’Eglise. L’Eglise se garantissait elle-même comme la communauté spirituelle des chrétiens, exilés du royaume de Dieu, se trouvant dans l’hostilité d’un monde jusqu’au jour de la délivrance.
Le développement des connaissances au Moyen-Âge chrétien ne fut que l’apanage de l’irrationnel qui s’exprima par des outils intellectuels superstitieux, légendaires et magiques. C’est l’héritage légué par les sociétés gréco-romaines.
Le Savoir et la culture en Occident ne sortit jamais du carcan de l’Antiquité !
Du IXe au XVIe siècle des centaines de traducteurs copistes dans toute la chrétienté s’attelèrent à la tache de traduire, copier, commenter en version latine et grecque toute la pensée, la culture [scientifique, littéraire, Belles Lettres, théologiques, artistiques,, etc.] des savants et penseurs musulmans.
Quelques traducteurs copistes célèbres
Herman le Dalmate [1110-1154]
Herman de Carinthie ou Herman le Dalmate [ou Sclavus Dalmata] est un lettré versé dans les sciences fondées par les savants musulmans : mathématiques, astronomie, etc. Il est originaire d’Istrie dans le duché de Carinthie [Autriche]. Il étudia à Chartres. Il se rendit en Espagne où il apprit l’arabe et devint un traducteur émérite, ce qui lui permit de traduire en latin divers ouvrages scientifiques musulmans. C’est là-bas qu’il rencontra Robert de Chester [Robert de Ketton], un autre traducteur talentueux. Hermann le Dalmate fit une traduction des tables astronomiques d’Al-Khwarizmi. Il traduit également de l’arabe vers le latin une vingtaine d’œuvres dont « L’Introduction générale à l’astronomie » d’Albumasar [787-886] « Ila ilm ahkam al nujum] » [en 1140], et « De l’astrolabe ». Les traductions de Herman le Dalmate furent imprimées généralement sous le titre : « Liber introductorius in astronomiam Albumasaris, Abalachii » à Augsburg en 1489 et à Venise en 1495 et 1506.
Gérard de Crémone [1114-1187]
Gérard de Crémone [ou Gerardo Cremonensis ou encore G. Carmonensis] fut l’un des traducteurs médiévaux le plus célèbre et le plus prolifique de textes médicaux et scientifiques des savants musulmans. Chef de file des traducteurs, ses travaux de traductions eurent une influence considérable dans toute la chrétienté qui découvrait ainsi la pensée fantastique de la Civilisation de l’Islam Classique [CIC]. Environ soixante-dix ouvrages ont été traduits par ses soins : trois traités de dialectique, dix-sept ouvrages de géométrie [Al-Qalsadi, Jabir ibn-Aflah -1100-1160-, I. Al-Zarqali -lat. Azarquiel -1029-1087-, A.A. Al-Farghani -lat. Alfraganus -805-880-, etc.], douze livres d’astronomie, onze volumes de littérature [belles-lettres, théologie, essais, etc.], vingt et un traités de médecine [Avicenne, Rhazès, Abulcasis, Avenzoar, Albumasar ou Apomasar, etc.], trois de chimie [Geber, Rhazès], etc. Gérard revint à Crémone et meurt en 1187, à l’âge de 73 ans.
Michael Scot [1175-1236]
Michael Scot [ou Michaelus Scotus] originaire d’Ecosse, il était un philosophe scolastique médiéval. Il étudia la médecine, la chimie et l’astronomie, disciplines fondées par les maîtres musulmans. Il est devenu célèbre en traduisant de l’arabe les œuvres scientifiques [littérraires -Belles Lettres- et théologiques]. M. Scot traduit à Tolède le traité de zoologie « Kitāb al-hayawān » de A.O. Al-Jahiz [776-869] et d’autres traités dans cette même discipline de Yahya Ibn Al-Bitriq [m. IXe siècle] les « Maqālāt [Traités] ». En 1217, Michael Scot acheva la traduction d’un ouvrage astronomique « Al-Kitāb fi al-hay’ah ». Ces traductions furent plagiés par Saint Albert le Grand [Albrecht von Bollstädt -1200-1280] d’origine allemande sous une compilation : « De animalibus ».
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[1] Nas E. Boutammina, « Comprendre la Renaissance – Falsification et fabrication de l’Histoire de l’Occident », Edit. BoD, Paris [France], avril 2015. 2e édition.