« […] Il ne serait pas arbitraire de supposer que l’antésulman se confine dans la futilité plus ou moins aberrante qu’alimentent toutes sortes de fantaisistes politiques et/ou médiatiques. Certes, la futilité n’est guère séparable de l’antésulman, mais la futilité dont il s’agit est celle d’une ignorance apathique.
L’Histoire révèle les antésulmans, mais également les antésulmans font l’histoire. Il existe là une navette continuelle non seulement entre une réalité déterminante lointaine et la conscience futile toute proche. La futilité, principe existentiel inhérent à l’antésulman procède à celle du rêve, de l’être enfermé dans son inertie. Au cœur de l’antésulman il y a cet instinct. Et si la futilité, après tout, était plus importante que la réalité ?
Elle est l’indicateur d’un attrait de la surréalité ! C’est ainsi que l’antésulman peut n’être qu’une girouette agitée par le vent des évènements, la frustration d’une carence de vérité. Bref un chemin où il se perd pour ne jamais se retrouver. Peut-être l’alternance de quelque chose comme une fuite des responsabilités ?
L’antésulman est conduit ensuite à l’altercation irraisonnée. La futilité apporte le doute et le soupçon, de ce fait, elle corrode l’intelligence et relativise son absolu. De toute manière, elle instaure déjà une phase stupide dans la critique. Lorsque s’avoue, se confirme et se réitère le sérieux de quelque chose ou d’un événement, l’alternance réflexive fait place à l’humeur passagère remplie de dénonciation, de violence, de controverse.
Face aux gouvernements, l’antésulman fomente des objections éphémères, sans risques et, empreint de fabulations faciles, d’enthousiasme inconsistant ou de logomachie nébuleuse et évasive ; mais également avec ses capacités amorphes de mobilisation psychologique. C’est par la porte étroite de la futilité que les masses antésulmanes stupides essayent d’entrer dans le monde de la réalité.
Enfin, la futilité donne naissance au verbiage, le verbiage à l’audience, l’audience à des attroupements élargis par la propagande [intoxication médiatique], la propagande aux plans de manipulations des forces sociales, ces forces à une opinion au service des plans des stratèges du gouvernement militaro-plouto-traditionniste [Militaire, Ploutocratie et Traditionniste].
Si les antésulmans paraissent toujours n’avoir à offrir ou ne devoir offrir aucune alternative raisonnée, mais que l’instinct brut, c’est que, dans ce qui semble validé comme alternative, en politique ou en religion, ils refoulent et occultent la phase raisonnable qui dans laquelle une telle alternative serait considérée comme une aberration.
Cette attitude de considérer la futilité confère au comportement antésulman un contenu allergique à la réalité et à la vérité. La futilité agit comme un enchantement sur l’antésulman : elle lui annonce ou lui évoque, tantôt sur le mode fascinant pour que des choses apparaissent, tantôt sur le mode redoutable pour qu’elles ne se produisent pas. Car la société antésulmane fabrique et recèle ses propres pièges schizophréniques.
A ces derniers correspondent les dispositifs de la dégénérescence, de la sclérose, auxquels l’exercice de la futilité n’offre précisément aucune chance d’y échapper. Les sociétés antésulmanes sont les moins bien loties à résoudre leurs problèmes politiques dans un environnement moderne.
Cette incapacité de critique de la société antésulmane existante encourage souvent l’imagination futile prospective à la fois pour distinguer dans le présent le possible ignoré et pour orienter vers un avenir incertain.
La futilité institutionnelle soutient ainsi la dynamique sociale antésulmane par la confiance qu’elle lui octroie dans la gestion de l’esprit et du cœur humains […] ».